Miguel Pereira, portugais, et Karima Mansour, égyptienne, se sont rencontrés lors d’une résidence en Italie à la suite de laquelle ils ont projeté de travailler ensemble. Entre septembre 2004 et juin 2006, longue période de préparation à cette collaboration, bien des choses se sont passées : des voyages, des rencontres, le manque de temps et des moments d’intenses discussions. À la suite de ces échanges, tous deux ont décidé de faire chacun un solo, qui seraient présentés l’un après l’autre.
Miguel meets Karima est l’histoire d’une rencontre, mais aussi d’une rencontre manquée, où ce qui les avait réunis les a également séparés.
Miguel meets Karima est une pièce dans laquelle Miguel est seul mais où le public voit Karima. Moulé dans un costume de lycra noir recouvrant entièrement son corps, assorti d’une perruque et d’une jupe noires aussi, lui conférant une silhouette féminine, le corps de Miguel disparait et l’ombre de Karima apparaît. Ce que l’on voit est un portrait de Karima par Miguel, avec des gestes, des histoires, des attitudes qui miment son image, mais ce portrait est une ombre, celle de la projection de Miguel sur Karima.
Miguel meets Karima avec humour, met en lumière l’image que nous nous faisons de l’autre, et celle que nous renvoyons de nous-même.

Bonjour Karima,
Excuse-moi de ne pas t’avoir répondu avant, mais j’ai été très occupé avec tous ces voyages et projets si rapprochés. J’ai beaucoup pensé à notre collaboration et à la façon dont les choses se sont terminées à Rio – pour moi du moins – et j’en ai gardé une sensation bizarre !
En fait, je me suis rendu compte que notre collaboration n’est pas un problème culturel mais plutôt personnel, d’où ma difficulté de traiter avec toi en tant que personne et non avec ta culture. Et ce n’est pas par peur ou par renoncement. Normalement j’aime bien les défis, mais je ne trouve pas sain de nous punir nous-même (au moins dans mon cas).
À mesure que notre collaboration s’est développée avec une forte dimension psychologique, « comme un mariage » – (et ça n’est pas une critique) – pour moi, il est devenu impossible de séparer cet aspect de notre processus créatif. Je sens que je ne veux pas poursuivre un projet artistique basé sur cette condition. Mais je n’ai pas de solution à cela.
Alors, si tu as des idées, dis-moi quelque chose. Sinon il vaut mieux admettre que notre collaboration ne fonctionne pas et qu’il est plus juste d’arrêter et de continuer nos projets séparément.
Je m’excuse d’être si direct. J’aurais aimé que tout soit différent mais je ne peux pas changer ce que s’est passé.
J’espère que tout va bien avec toi et j’attends de tes nouvelles brièvement.
Bisous, Miguel